Va, vis et deviens

Publié le par sista carol

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« Va, vis et deviens » est à la fois un film et un roman sur l'histoire des falashas, les juifs d'Ethiopie. L'histoire terrible d'un enfant de « l'opération Moïse ».

Elle débute dans un camp du Soudan. Une mère juive voit mourir son fils dans ses bras. Une autre mère, cette fois-ci chrétienne, va pousser son enfant à suivre la maman juive pour le sauver.
L'enfant débarque en Terre Sainte. Il est appelé Schlomo. Sa nouvelle maman meurt peu de temps après leur arrivée. Schlomo sera alors adopté par une famille francophone de Tel Aviv. Il va grandir avec une double culpabilité : il est ni orphelin, ni juif. mais toujours noir. A Tel Aviv, il va découvrir l'amour, la culture occidentale, le racisme, la guerre, etc. Il n'oubliera cependant jamais sa vraie mère, restée au Soudan...

Le film a été réalisé par le réalisateur roumain Radu Milaileanu et le livre écrit par Alain Dugrand. Je pense que si on peut se procurer les deux, il faut le faire ! Les acteurs du film sont attachants et le livre se lit facilement. Donc vraiment à voir et à lire ! Surtout pour une histoire peu connue qu'est celle des Falashas.

 
Résumé de l'histoire de cette « opération Moïse »

Les Falashas (« étranger » ou « celui qui ne possède pas la terre » en amharique) sont les descendants de la Salomon et de la reine de Saba. Dans les années 1980, ils étaient au nombre de 40 000 en Ethiopie.
Tout comme les juifs d'Europe de l'Est, ceux d'Ethiopie ont longtemps été considérés comme étrangers chez eux. Depuis toujours, ils ont eu pour rêve de partir en Terre Sainte.
Grâce à Israël et aux USA, une opération est lancée de novembre 1984 à janvier 1985, pour rapatrier les juifs éthiopiens vers Israël. L'opération clandestine est conduite par le Mossad (services secrets israéliens).

Des messagers israéliens vont en Ethiopie pour préparer cette opération mais beaucoup d'entre eux sont arrêtés, torturés et tués par l'armée éthiopienne. Mais la nouvelle de cette arrivée s'est répandue dans toutes les provinces où vivent les Beta Israël (nom que les éthiopiens juifs se donnent car le terme « falasha » est mal vu) mais le lieu du rassemblement et les dates restent vagues.


Alors que le régime prosoviétique de Mengistu leur interdisait d'émigrer, les Beta Israël quittent tout de même l'Ethiopie. Beaucoup s'en iront vers le Kenya et la Somalie. On ne les reverra jamais. La plupart d'entre eux se rendent au Soudan, terre musulmane.

C'est une longue marche difficile et tragique. Les Beta Israël ont payés des guides pour les acheminer jusqu'à la frontière soudanaise mais les juifs sont trahis et rackettés par ces guides. Des femmes et des enfants sont kidnappés puis vendus comme esclaves. D'autres meurent de maladie, de faim et de fatigue. Enfin, certains se donnent la mort refusant d'être irrespectueux envers Dieu car les guides les contraignaient de marcher le jour du Sabbat. Les morts sont aussi enterrés clandestinement sans respecter la tradition à la lettre pour ne laisser aucune trace de leur passage. Malgré toutes ces souffrances, l'espoir les guidait toujours vers leur rêve.

Secrètement, le gouvernement soudanais a négocié un arrangement avec les USA : contre un don de 250 millions de dollars, le Soudan a accepté de laisser les Beta Israël se rassembler au sud du pays.


A la frontière de l'Ethiopie et du Soudan, ils sont pris en charge par les agents du Mossad qui ont pour tâche de les acheminer vers les camps de regroupement. Cependant, des commandos soudanais les rançonnent et les rackettent. Beaucoup de Beta Israël sont traités cruellement par ces commandos qui eux sont mal informés ou contestent le pacte officieux entre les gouvernements soudanais et américain. Les Beta Israël sont aussi détenus et tués par l'armée éthiopienne qui les accuse de trahison.


Dans les camps soudanais, parmi des milliers d'africains de 26 pays différents frappés par la sécheresse, la famine et la guerre, les Beta Israël vont vivre le manque de nourriture et de soins malgré l'aide humanitaire. Les plus faibles meurent. Les inhumations se font la nuit pour pas que leur identité ne soit dévoilée.

Les Beta Israël attendront des mois avant d'être embarqués pour Israël. Durant l'hiver 84/85, des avions atterrissent et décollent de Khartoum, capitale du Soudan.

Le Soudan est un Etat membre de la Ligue arabe. Il a ouvert son territoire aux Beta Israël mais le régime du général Nemeyri, fondé sur la loi de la charia, n'a jamais pu négocier avec Israël, pour ne pas trahir les autres pays musulmans.

Des négociations se déroulèrent donc dès 1984 grâce à l'intermédiaire des USA. Le 7 juillet 84, le dernier jour des négociations, les conditions imposées par le Soudan ont été acceptées : aucun des avions de la Trans European Airlines (TEA) ne pourra effectuer le vol direct Soudan/Israël mais devront impérativement effectuer une escale en Europe. Pour ne pas montrer
« l'alliance » des deux pays... Le Mossad devra agir discrètement car les opposants au régime soudanais auraient trouvé alors une bonne aubaine de le renverser en le "démasquant" de collaboration avec Israël.
Le Mossad a donc choisi une compagnie belge qui a l'habitude d'acheminer les musulmans soudanais au pèlerinage de la Mecque. Ainsi la présence des avions de la TEA à l'aéroport de Khartoum ne surprendra personne... sauf que l'opinion publique n'a jamais su que le PDG de cette compagnie était juif ! Tous les avions de la TEA qui décollent de Khartoum de novembre 84 à janvier 85 feront une escale à Bruxelles avant d'atterir sur la Terre Sainte.

Durant cette
« opération Moïse », 8 000 juifs éthiopiens seront rapatriés en Israël mais 4 000 auront été enterrés entre l'Ethiopie et le Soudan car assassinés, morts de faim ou d'épuisement. Des milliers d'orphelins s'envoleront donc seuls pour la Terre promise.

-> D'après le prologue du livre « Va, vis et deviens ».

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L’arrivée des juifs éthiopiens en Israël en 1991 (je pense).
Depuis lepremier rapatriement de 1984, d’autres ont été fait.
 

Publié dans Films

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B
La fin du film est plutôt mélo. Par contre les acteurs sont plutôt excellent, en particulier l'acteur principal. Ce film m'a appris une facétie de l'histoire que je méconnaissais totalement. C'est effectivement un film à conseiller.
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S
Yes ! Ce film a le mérite de mettre en avant l'histoire des juifs d'Ethiopie, dont on n'entend jamais parler. Les acteurs, et Shlomo surtout, sont très bon. C'est clair !Merci à toi pour ce commentaire !